Dans son livre, La Cathédrale et le Bazar, Eric S. Raymond prétend que 75% du travail des programmeurs consiste dans la maintenance du logiciel développé. Il continue en affirmant que la plupart des programmeurs sont payés pour développer du logiciel en interne, leur code est par conséquent difficile à copier et à réutiliser. De plus, lorsqu'un fournisseur de logiciel propriétaire disparaît, le client se retrouve avec un logiciel non maintenable sur les bras.
Bien des gens affirment aussi que les développeurs ont le droit d'être payés pour leur travail. Ainsi, s'ils souhaitent faire payer un montant par unité pour la licence et restreindre la redistribution de leur logiciel, ce n'est pas un problème. Ils ajoutent aussi que ce n'est pas toujours correct d'aider les autres, notamment lorsqu'il s'agit de criminels. Mais à ma connaissance, personne n'a le droit de m'empêcher de partager avec mon voisin honnête. Dans certains pays, il peut être légal d'interdire le partage. Mais cela fait partie d'autres choses qui violent la conscience de beaucoup de chrétiens.
Nous savons que la pluie tombe sur les justes comme sur les injustes. Ainsi, de nombreuses entreprises de logiciels ont réalisé un profit conséquent en rendant criminel l'acte du partage. D'un autre côté, les utilisateurs ont été leurs complices en acceptant de ne pas aider leurs voisins. Une partie du problème est liée au fait de vouloir vendre du logiciel comme si c'était des pelles ou un autre bien matériel. Le logiciel libre et open source exige un modèle économique différent, mais uniquement pour les entreprises dont le but premier est de vendre du logiciel.
Ce nouveau modèle comprend la distribution de logiciels (soit par téléchargement, soit par CD) ainsi que l'offre de support technique, de conseil et d'autres services auxiliaires. Il n'y a plus de restriction à la distribution du logiciel, mais le support technique professionnel est limité à ceux qui l'ont acheté. De la même façon, beaucoup de gens achètent des manuels pour les aider à apprendre le nouveau logiciel. Il y en a aussi beaucoup qui achètent réellement le logiciel, même s'ils peuvent le télécharger gratuitement, car ils apprécient à sa juste valeur ce qu'ils reçoivent.
J'appelle cela une nouvelle « économie du logiciel ». J'ai déjà relevé ailleurs dans ce livre que bien des entreprises ont appris comment profiter de ce (relativement) nouveau modèle. A long terme, c'est un modèle économique qui reconnaît la liberté du consommateur tout en permettant aux gens de tirer profit de leur travail. Les entreprises qui ne s'adapteront pas à cette nouvelle économie vont faiblir et peut-être disparaître.